C'est ici que tout commença...


Je m'étais réveillée tôt ce matin à cause des rayons lumineux qui traversaient la totalité de ma chambre. Je n'aimais pas cette clarté. Elle me brûlait les yeux, elle m'éblouissait. Je détestais cette lumière. La seule que je tolérais, c'était celle de la Lune. Ses rayons réchauffaient ma poitrine et éclairaient mon esprit d’une toute autre façon. Je me sentais plus calme, plus apaisée, et d’une certaine façon, plus forte également.

Je me levai péniblement du matelas sur lequel j'avais passé ma nuit. Ma main tremblante encore, prit appui sur la petite table qui se situait juste à côté. D’un mouvement souple, tout mon corps se redressa et je pus apercevoir par la fenêtre, les enfants du village jouer dans la rue. Il me semblait que rien ne pourrait perturber ce moment, tout en sachant que les guerres frappaient ça et là, aux frontières du pays du Feu. Je mangeai, pris une douche froide, afin de bien sortir de l’état léthargique dans lequel je me trouvais, et finalement enfila des vêtements dans lequel je me sentais à l’aise. Aujourd’hui, j’avais prévu d’aller sur l’aire d’entrainement. J’étais persuadée qu’avec des efforts, j’arriverais à devenir plus puissante. Je rassembla quelques affaires que j’avais vaguement regroupé la veille. Des kunai, des shuriken, deux fumigènes et 3 parchemins explosifs. Je n’avais pas prévu de me servir de tous ces objets, mais si je finissais l’entrainement plus tôt que prévu, peut être allais-je essayer de nouvelles choses ; innover, je trouvais ça formidable. Je parti à l'endroit voulu.

Arrivée sur place, je pus constater que l'endroit était désert, aussi allais-je pouvoir faire profil du calme et de la tranquillité ambiante. Je m'avançai calmement vers les poteaux de bois érigés au fond de la zone. J'y déposa une petite partie de mes affaires et ne garda que sur moi les kunai et shuriken dont j'allais me servir. Aujourd'hui, j'avais decidé de m'entrainer aux tirs. Je fis un échauffement d'une dizaine de minutes, en me reculant toujours un peu plus des cibles que j'avais pris soin de placé auparavant. Mais des cibles fixes... quel ennui. Je decidai alors de pimenter un peu l'exercice. Je glissa doucement la main dans ma poche arrière droite, et sorti un bandeau noir portant une très fine inscription, de couleur bleue.



J'attachai ce bandeau sur mes yeux pour retrouver l'obscurité que je craignais tant. Dans une autre poche, je saisis des makibishi et d'un mouvement bref, les éparpilla à mes pieds. Maintenant, j'allais pouvoir m'amuser. Je saisis fermement un des kunai que j'avais en ma possession, réfléchis un instant, et d'un mouvement vif lança ma première salve. La moitié des kunai n'atteignèrent pas leur cible.


Je pris une inspiration et essaya de faire le vide, ne prêtant attention qu'aux sons ambiants et à la direction du vent. Je me souvenais de ses conseils. Il m'avait promis de m'aider à continuer sur ce chemin. Là ! Oui je le tenais ! Mon corps s'avança soudainement, esquivant sans problème les makibishi localisés au préalable, et parti en direction des poteaux. Je pris en main ma deuxième salve de kunai et la fit s'abattre sur la cible en question. C'était un sans faute. Je répéta l'entrainement encore et encore jusqu'à ce que mon corps me réclame une pause.

Lorsque ce moment vint, j'enleva le bandeau pour recouvrir la vue. Le tenant dans mes mains, je resta un moment pensive. Tout en le regardant je me dis... que j'aimerais "le" rejoindre... Je ramassais mes makibishi et alla m'adosser contre le poteau le plus meurtri par cet entrainement. Je fermais les yeux et essayais d'écouter le chant du vent.

Kaze no Uta ~ ♪

"Tsuki o miru,
Akarui Yozora,
Ai to Yume."

*Je regarde la Lune, Un ciel nocturne clair, De l'amour et des rêves...

Un bruit vint troubler ma sérénité. Sans ouvrir les yeux, je sentais la présence d’un autre être. Le vent me l’avait doucement murmuré. Ma paupière lourde, lentement s’ouvrit, et l’espace d’un instant, la lumière m’aveugla de nouveau. Une ombre, a première vue, se dessina devant moi. Je distinguai un homme étendu dans l’immense verdure. Je me releva et m’approcha silencieusement de ce jeune homme, et aperçu alors un masque sur son visage. C’était le type de masque que portaient les Anbu de Konoha. Son corps ne bougeait pas, j’hésitais à m’avancer… La brise légère traversait ses cheveux blancs méchés bleus ainsi que les miens, laissant apparaître sur mon cou la marque indélébile du passé. Trois empreintes de griffes ancrées dans ma nuque comme pour ne pas oublier ma dette. Depuis ce jour, je vivais pour moi mais aussi pour lui… Cette cicatrice me faisait mal et seule la lumière de Lune pouvait apaiser cette souffrance. Je faisais régulièrement des sorties nocturnes, ce qui me valu le surnom de Yokai (=démon. Ici, démon de la Lune). Certains enfants pensaient même que j’étais un kitsune (le kitsune est un démon renard polymorphe prenant le plus souvent l’apparence d’une femme.) Finalement, je choisis de m’avancer vers le corps inerte et de vérifier par moi-même qui était-ce. J’avais un dédoublement de personnalité que je ne parvenais pas à contrôler. Je pouvais être douce, calme et posée par moments, mais changer du tout au tout en devenant agressive et violente la seconde d'après. Je detestais perdre le contrôle de moi même, et je luttais contre ce problème de personnalité comme je le pouvais Cette fois, c’est le calme qui me subjuguais, de plus, j’étais de nature curieuse. Mes pas glissaient lentement aux travers des herbes, et je vins m’agenouiller près du jeune homme en question, munie d’un calme poussé à l’extrême. Je ne ressentais pas de peur. Étrangement, je ne captais de cet homme qu’une infime quantité d’ondes négatives et je ne parvenais pas à m’expliquer ce ressenti. Peut être était il celui qui allait me délivrer de la monotonie de cette vie ?

Je me sentais seule et je n'étais malheureusement pas encore assez forte pour pouvoir invoquer une créature qui puisse me tenir compagnie.
Plus tôt, dans mon enfance, j'avais assisté à un combat entre deux maîtres. L'un deux était mon sensei. Il avait invoqué ce jour là, la plus belle créature que j'ai vu dans toute ma vie. Une bête mi-loup, mi-oiseau, je ne sais plus exactement. Il la chevauchait avec grâce et habileté. Depuis ce temps, j'ai perdu la trace de mon professeur et je n'ai plus jamais revu cette créature... je rêve encore de pouvoir l'invoquer moi-même dans quelques années.
Retrouvant le présent et le jeune homme gisant sur le sol, je lui murmurais dans un souffle :

« Excusez-moi… ? »

Je n’obtins pas de réponse à première vue, je n’avais sûrement pas dû m’exprimer d’une manière assez audible pour lui, et le vent transportait également ma voix. Je réitérais mes paroles. Je ne sais pas si j’attendais vraiment une réponse, mais je persistais tout de même…

« Excusez-moi… »

Cette fois, j’étais sûre qu’il avait pu entendre ce que je lui disais. Mon visage s’assombrit, par appréhension de ce qui allait peut être arriver par la suite.

"Si tu es la Lune et que je suis la Nuit,
Lequel de nous deux, engloutira l'autre ?"

Après avoir été bruquement jetée à terre en l'espace de quelques secondes, je compris que les choses ne se passeraient pas tout à fait comme je l'avais imaginé. La colère montait en moi... Mais pour qui se prenait-il ?? Mon corps tremblait d'énervement, je n'avais qu'une simple envie : riposter et lui faire comprendre que je n'étais pas son chien. Le chakra s'agitait à l'interieur de mon corps mais j'essyais tout de même d'en garder le contrôle. Même si ma colère était grande, ma raison surpassait celle-ci, et de loin. C'était un Anbu, et il n'avait surement pas volé son grade... Après s'être adressé à moi comme à un animal, j'entendis une seconde voix.

« Kamui tu es pas un peu trop dur avec cette fille. Elle est du même village que toi, elle s’inquiétait pour toi en te voyant allongé par terre sans bouger. Aide-la à se relever au moins. »

Mais d'où venaient ces paroles ?? Je mis un moment avant de comprendre qu'il s'agissait de son épée. Au moins, quelquechose essayait de m'empecher de finir inerte et sans vie, même si ce quelquechose n'était pas humain.

Je n'en revenais toujours pas. Il était de mon village, plus haut gradé, et me traitait de la sorte ? Cette flamme de la volonté qui fait la réputation de Konoha existe-t-elle vraiment ? Elle semblait en tout cas ne pas faire partie de cette homme.


Mais soudain, il me tendit sa main.... je ne comprenais plus vraiment.. Il me repoussait avec brutalité et à présent il choisit de m'aider ? Quel être contradictoire.... Mon calme revenait peu à peu. Mais mon esprit lui, était toujours brouillé.

Un homme apparu sur l'aire brusquement, je le reconnu aussitôt. Oui, j'avais beaucoup entendu parler de lui et je l'avais croisé furtivement dans le village. Kakashi Hatake, le ninja copieur. Je me demandais alors ce qu'un ninja comme lui faisait à trainer par ici. Après avoir analysé la situation, il s'exclama tout haut :

« Yo ! Je vois que tu n’es pas habitué à traité les femmes avec respect, surtout si elle est une kunoichi du même village que toi ? Je suis Hatake Kakashi et vous qui êtes vous jeunes gens ? Puis-je observer votre entrainement car un vieux comme moi à besoin de voir la nouvelle génération à l’œuvre ! »

Quelqu'un d'autre prenait ma défense, cette fois je m'apaisa et essaya de trouver une solution pour calmer le jeu. Mon regard s'adoucit envers le jeune Anbu, essayant de lui faire comprendre que je ne désirais pas que les choses s'enveniment. Debout, je jeta de nouveau un regard vers le ninja copieur. Il était vraiment amical.

"Mon nom est Nataku, Kaede Nataku."

Je savais que cette part de moi-même était naïve à souhait mais je n'y pouvais rien. Comment arrivais-je cependant à croire que tout pouvait toujours s'arranger facilement ? Ça en devenait presque désespérant... Kakashi m'adressa de nouveau la parole. J'étais impressionnée par ce ninja, et j'avais entendu beaucoup de récits sur lui. Je supposais que lui non plus n'avait pas volé sa réputation... Je fis un sourire crispé.

« Yo ! Tu es chuunin non ? Enfin il me semble, il m’arrive souvent de me tromper donc je préfère demander, tu es dans quel équipe et qui est ton senseï sans indiscrétion ? »

A cette question mon visage s'assombrit un peu.

"Oui, je suis bien chuunin, mais je suis pour l'instant sans équipe... je vais ici et là. Mon équipe d'antan n'existe plus et à été dissoute à cause d'une mission, de plus, je suis originaire de Suna et le Hokage n'a pas encore réglé ce détail. Mais je pense que je serais bientôt intégrée quelque part.. je l'espère..."

Je secouais mes vêtements afin d'en enlever la poussière. Et me retourna vers l'Anbu.

"Je peux savoir à quoi tu joues ?"

Je soupirais.

"You told me, my darling, without me, you’re nothing,
You told me, to look in your eyes, and fed me, your sweet lies.."

Un homme venait d'apparaitre. Je ne pouvais l'identifier à cause de ses vêtements imaculés qui dissimulaient son visage, mais il me semblait, lui aussi d'une grande puissance. Je commençais vraiment à en avoir marre... Je me sentais impuissante ici. Il me sauva lui aussi d'une blessure mortelle. Cet Anbu m'énervait de plus en plus et le nouveau venu s'en rendit vite compte. Ce qui me valu de judicieux conseils :

« Ne laisse pas la colère s'emparer de toi, sinon tu finiras par mourir. Et d'une mort peu orthodoxe, écoute mes conseils, et reste dans le droit chemin, inutile de chercher des noises à ceux qui sont plus puissants que toi. Fais attention à toi jeune fille. »

C'était bien de jouer les héros protecteurs.. comme si je ne l'avais pas remarqué ! Pourquoi je me suis calmée à ton avis ?
Kaede avait du mal à maitriser ses émotions, et même si elle essayait d'en laisser transparaitre un minimum, à l'intérieur d'elle, elle n'en pouvait plus.
De rage, je me releva et frappa de toutes mes forces un des poteaux d'entrainement. Des lambeaux tombaient au sol. Je n'étais pas furieuse contre cet Anbu ni même cet inconnu qui venait de me sauver... Mais vraiment contre moi-même. Cette faiblesse.. je ne la supportais plus. C'est à cause d'elle que j'avais perdu les membres de mon équipe.. Je ne me supportais plus. Il fallait que je me tire de là.

"Ninpô, Henka !"

Henka était une technique de transformation que j'affectionnais par dessus tout. Quelque part, au travers de cette technique je retrouvais une part de moi-même et une part de liberté. Cette métamorphose se destinait à transformer son utilisateur en renard ou en loup selon la quantité de chakra utilisée. Pour ma part, cette fois, je choisis le loup. En tant normal, seuls mes ongles longs pouvaient être comparés à des griffes, mais à présent, je possèdais une robe blanche, de grands yeux jaunes semblables à la Lune et de longues griffes noires.


Je n'avais pas le choix, je sentais que la tension allait monter. Je devais partir. Même si ce n'était pas loin, je voulais partir le temps que l'orage passe. Je courus sur mes quatre pattes dans la petite forêt derrière les poteaux d'entrainement, afin de me réfugier.


Je m'allongea au pied d'un arbre, essayant d'écouter malgré tout, la conversation entre les autres protagonistes.